Laboralys n°22 | Vestiges des eaux de Spontin


Discrète et résignée, la source continue de s'écouler sous le tombeau de béton. Encaissée dans une roche à fleur de peau, la résurgence sort la tête de l'eau, crie son clapotis pour que l'on y jette un quelconque regard, pourvu qu'il y ait réminiscence du temps révolu. L'emblème gravé au coeur du vitrail persifle une lumière chamarrée sur le défunt et l'effigie d'un fier lion n'y pourra rien changer.

Duchesse, Presbytère et Clairchant. Des noms poétiques pour évoquer des sources aujourd'hui retraitées, tapies au fond des entrailles de la terre, restées inexploitées depuis quelques années. Leurs vertus curatives réputées depuis 1922 ne seront pas venues à bout du mal qui rongeait la Compagnie Générale des Eaux Minérales et Gazeuses de Spontin. Des cinquante emplois et de l'usine d'embouteillage, il ne reste plus qu'une friche industrielle déserte, vidée de son contenu, laissée à l'abandon.

Dans une succession effrénée de vastes espaces, d'escaliers, de couloirs et d'étages, on découvre une activité figée, une source de savoirs tarie. Tandis que la lentille de l'appareil photo fait glisser le temps depuis le présent vers un passé composé, la mystérieuse esthétique des géométries s'exprime. La simplicité des formes associées au vide qui les entoure transforment la tristesse du lieu en un poème d'ombres et de lumières.

Dans un ultime espoir fou, on imagine ces lieux remis à l'honneur. Recouvrant leurs lettres de noblesse, les eaux de Spontin retrouveraient le chemin du verre sous la lumière d'un jour nouveau. Fierté des savoir-faire et pureté d'une eau de source s'allieraient pour relever un défi globalisé. Mais où sont passées nos volontés de créer, de valoriser, d'exporter ? Quel événement constituera enfin le sursaut de conscience qui fera cesser l'hémorragie de nos savoirs ? Ce temps-là se fait attendre.




Quelques vues de la source et de ce qu'il reste des installations d'extraction:





Reportage publié le 26 juin 2012.