30.10.2011 | Le laboratoire du cordonnier André Warrand

Allons à la rencontre d'un métier que l'on ne rencontre plus que très rarement. Et pour cause, on a plutôt tendance à jeter sa paire de chaussures plutôt que de la faire réparer par un cordonnier. C'est dans l'air du temps. Pourtant, tels des corpuscules de résistance, des hommes de métier, des artisans, continuent d'offrir leur service inestimable à la société.

Ce matin-là, le soleil plonge le village de Floreffe dans une couleur jaune orangée d'automne qui donne envie d'aller plonger ses pas dans les amas de feuilles mortes. L'atelier du cordonnier André Warrand se situe un peu à l'écart de Floreffe, au lieu-dit Le Coriat. Une annexe à sa propre habitation constitue l'antre de l'artisan. L'atelier est ouvert sur le jardin familial au travers d'une grande fenêtre qui laisse le soleil rentrer à tire d'ailes. Des chaussures de toutes formes, de toutes couleurs s'amassent par dizaines sur les étagères. Des outils méconnus garnissent les murs, les tiroirs et les établis. Des lanières de cuir pendent à portée de main. Des pinceaux, du fil multicolore, du chanvre, de la poix, des machines à coudre venues d'un autre temps, tout sort de l'ordinaire dans cet endroit insolite. Insolite et pourtant si classique pour nos grands-parents...

André Warrand a débuté en 1947 comme apprenti chez un cordonnier Floreffois. Ce dernier se situait dans une ruelle au bas de la Rue Célestin Thiry. Pendant quelques années, André a appris son métier au contact d'un maître qui n'avait pas peur de transmettre les secrets du métier. Toutes les techniques qu'il a acquises, il les doit à cet homme et à de nombreuses heures de travail. Un courage qu'il n'a jamais perdu. Aujourd'hui, à 81 ans, il continue de nous rendre service et même de livrer à domicile les paires de chaussures remises à neuf ! Nous avons découvert au cours de cet entretien de deux heures, un homme plein d'humour, bon pied bon oeil, infatigable artisan toujours sûr des gestes qu'il assure depuis 64 années !

André Warrand répare, bien sûr, mais saviez-vous qu'il confectionne également ? Au plafond de l'atelier pendent quelques paires de chaussures en bois ou modèles de différentes pointure. Sont-ce les pieds d'un Pinocchio Floreffois ? Non. Ce sont les modèles utilisés par le cordonnier pour réaliser des chaussures sur mesure. Ex nihilo, la chaussure naît de la toile, du cuir, du bois, du fil et des doigts d'artiste d'André Warrand. On est bien loin de la confection en chaîne et low cost... pour notre plus grand plaisir !

Le reportage photographique permet de se rendre compte des gestes précis du cordonnier et des nombreux outils qu'il utilise. Vous mettrez ainsi des images sur ce que j'ai tenté de décrire plus haut, avant de découvrir la bande son que j'ai enregistrée lors de cette nouvelle exploration. Nous sommes ressortis de cet entretien avec un sentiment de respect vis-à-vis de ce monsieur à l'expérience inestimable et au talent tant de cordonnier que d'orateur. Nous le remercions pour le temps qu'il a bien voulu nous consacrer.




Reportage publié le 30 octobre 2011.