s Laboralys n°19 | Une écluse sur la Sambre et ses artisans

Laboralys n°19 | Une écluse sur la Sambre et ses artisans


La Belgique est, du point de vue de la densité, l'un des pays européens les mieux équipés, avec plus de 1.500 kilomètres de voies d'eau pour une superficie totale de 31.000 km². Ce réseau a l'avantage d'être un carrefour de par sa localisation au centre de l'Europe. Des centres économiques importants et de grands ports maritimes et intérieurs (Anvers, Liège, Bruges, Bruxelles, Charleroi, Gand, ...) peuvent être atteints par des bateaux de gabarit de type européen (de 1.350 tonnes de capacité). On estime le tonnage total transporté sur le réseau fluvial belge, tous pavillons confondus, à plus de 150.000 millions de tonnes (statistiques de 2006), ce qui représente une activité économique majeure pour la Belgique.

Pour gérer ce réseau, en assurer le bon fonctionnement, la sécurité et l'entretien, des hommes et des femmes sont sur le pont. C'est au sein d'une équipe d'éclusiers que le reportage d'aujourd'hui nous mène. Depuis la tour de contrôle, un cube de béton et de verre, Fabian et Fabrice ont une vue imprenable sur le canal, les installations de l'écluse et les biefs d'amont et d'aval. Les jumelles à portée de main, l'écran tactile pour le contrôle de l'écluse, une radio pour communiquer avec les péniches, nous assistons à la procédure complète qui fera passer le navire du niveau haut au niveau bas de la Sambre à hauteur de Mornimont. Le reportage photographique qui suit en illustre la chronologie.

Les premières photographies mettent d'abord l'accent sur les personnes que nous avons rencontrées: des éclusiers sympathiques et chaleureux qui n'ont pas hésité à nous accueillir dans leur promontoire. Fabrice et Fabian aiment leur métier et cela se voit. Ils communiquent leur passion et leur bonne humeur avec entrain.



Même si le téléphone ne cesse de retentir et que le nombre de passages peut s'élever à 30 péniches par jour, cette écluse m'a donné l'image d'un havre de paix, vivant au rythme des embarcations qui traversent le sas nonchalamment. Derrière la grande baie vitrée, on observe en effet le mouvement lent des navires, les opérations minutieuses du batelier et en toile de fond un spectacle champêtre fait de forêts et de hérons cendrés. Nous rencontrons alors l'un de ces artisans nomades, Denis, batelier sur le Tampico, sous pavillon Belge. Et nous suivons ses gestes, au fil de l'eau, au rythme de la vidange du sas, avant de le voir s'écarter lentement vers Namur. Le temps de prendre quelques photographies et d'échanger une poignée de mots.



Cette rencontre avec ces artisans de l'eau me laisse songeur. C'est comme si la pesanteur était différente dans ce petit port de Mornimont. Une forme de lenteur bienfaisante, inhérente à la vitesse du transport fluvial, nous change de la course à la haute vitesse et au flux tendu. Voyager au fil de l'eau impose un tempo. Il impose aussi de cheminer au milieu d'une nature à peine effleurée, peu fréquentée. C'est une exploration dans un espace que l'on connaît mal, nous les automobilistes compulsifs, loin des routes bondées et des rumeurs sourdes.


Reportage publié le 19 mai 2012.